Panel cinq sur les inégalités/iniquités de participation en classe et à la maison au temps de la Covid-19 : Urgence ou Négligence?


Le 26 juin 2020 s’est déroulé le cinquième des Panels en réseau portant sur les inégalités/iniquités de participation au temps de la Covid-19, croissantes ou émergentes, notamment quant aux décisions prises au Québec pour assurer la continuité de l’éducation formelle. Les panélistes invitées – la professeure émérite Rollande Deslandes (UQTR), la directrice Geneviève Tremblay (École St-Justin), la coordonatrice Esther St-Pierre (ÉER) et la professeure Jrène Rahm (UdeM) – se penchent plus précisément sur les relations école - communauté à savoir s’il y a eu urgence ou négligence

En premier lieu, Mme Deslandes affirme que la qualité des relations école-communauté varie selon le milieu. Par exemple, une école qui se trouve dans un milieu rural peut grandement bénéficier des mesures prises par les organismes communautaires et les OBNL aux alentours. En outre, la direction d’école joue un rôle pivot dans le développement des relations école-communauté tandis que les parents sont des médiateurs, voire des facilitateurs. Ensemble, ils aident à remédier aux iniquités. Du reste, Mme Deslandes remarque qu’elle a vu apparaitre une panoplie de ressources matérielles et humaines. Cela dit, elle se demande si les inégalités sont plus visibles dans les grands centres urbains ou plutôt dans les petits villages. 

En deuxième lieu, Mme Tremblay trace le portrait de son école. L’établissement rejoint 770 élèves du quartier, lequel a un indice de défavorisation de 7. En quatre ans, l’école a presque doublé son nombre d’élèves vu le développement d’un nouveau quartier résidentiel et la proximité d’habitations à loyer modique (HLM). Des inégalités socioéconomiques sont donc présentes malgré qu’on ressente sur le plancher une bonne cohésion sociale entre les élèves. Or, la crise de la Covid-19 a favorisé le rapprochement entre la direction d’école et les organismes communautaires de proximité. Cette collaboration a permis de desservir la nourriture dans les familles et de sonder les parents des élèves quant aux besoins technologiques pour la formation à distance de sorte à réduire les écarts. 

En troisième lieu, Mme St-Pierre brosse un tableau de l’École en réseau (ÉER). C’est une quarantaine de centres de service et plus de 600 enseignant·e·s qui y participent. À l’origine en 2002, l’idée était d’aider au maintien des écoles de petits villages ruraux éloignées en favorisant la réalisation d’activités d’apprentissage au moyen d’outils de télécollaboration. Les projets de l’ÉER incluent un nombre croissant d’experts (muséologue, bibliothécaires, scientifiques, artistes, etc.), ce qui fait en sorte que la communauté s’implique à distance et crée une médiation culturelle en réseau. Durant la crise de la Covid-19, un travail d’adaptation s’est fait avec la collaboration d’autres organismes pour mieux rejoindre les jeunes à la maison. De fait, l’évènement a généré une grande force mobilisatrice pour mettre en œuvre de nouvelles initiatives autour de l’ÉER. Bref, ç’a été un succès – essoufflant.

En quatrième lieu, Mme Rahm affirme d’une part que les organismes offrant un soutien aux immigrants se sont bien adaptés à la situation de la Covid-19. Ils ont d’abord maintenu le lien avec leur clientèle. De fait, ils se sont renseignés sur la diversité des réalités quant à l’utilisation des technologies par les citoyens immigrants (p. ex. plusieurs privilégient le téléphone à l’ordinateur) afin de garder contact). De plus, ils ont déplacé des évènements (p. ex. l’expo-sciences) sur les réseaux socionumériques au lieu de les annuler. Les organismes ont également continué le soutien académique, mais cette fois-ci à distance. Ce soutien des élèves s’étendait aussi jusqu’à la préservation de leur espace d’échange avec leurs amis même si certaines familles ne pouvaient leur fournir un accès aux réseaux socionumériques. Certes, le confinement vécu fut une occasion pour les jeunes de réfléchir à leurs habitudes de vie et de découvrir de nouveaux intérêts. D’autre part, dans les communautés autochtones très éloignées (p.ex. Nunavik, Nunavut), l’accès à Internet demeure un enjeu qui empêche les élèves de continuer leurs études. De plus, les programmes manuels dans lesquels les jeunes s’inscrivent sont difficiles à compléter adéquatement à distance, ce qui les démotive à persévérer. Sinon, les programmes éducatifs locaux (p. ex. la chasse, le jardinage) sont d’une importance capitale, puisqu’ils répondent à des besoins formulés par la communauté. 

Finalement, voici quelques points saillants repérés lors de la discussion centrée sur des possibilités à exploiter (urgence ?) ou non (négligence) :

  • La participation des grands-parents, voire des membres de la famille étendue, est à considérer.
  • Le concept d’école communautaire, exploré en début 2000, peut être un choix vers lequel se diriger à l’avenir.  
  • L’alternance au deuxième cycle du secondaire est un modèle à envisager s’il permet à des jeunes à risque de décrochage de continuer à apprendre tout en ayant la possibilité de travailler pour soutenir leurs familles, en cas de besoin. À noter que les activités communautaires ne sont pas reconnues dans le parcours régulier de formation au secondaire, alors qu’elles le sont ailleurs au Canada et dans de nombreux États américains. Les espaces d’apprentissage à l’extérieur de l’école offrent pourtant des situations d’apprentissage intéressantes. 
  • Les inégalités ne sont pas seulement vécues chez les élèves, mais aussi chez les enseignant·e·s. Par exemple, ce ne sont pas tous les enseignant·e·s qui ont les connaissances technopédagogiques ou accès à Internet et aux outils technologiques pour offrir un cours à distance de façon optimale. 
  • Sur le long cours, l’enseignement conventionnel peut difficilement se transposer tel quel dans un enseignement hybride ou à distance. 
  • Faire preuve de créativité, innover au plan pédagogique, mais échanger sur ce qui se fait déjà (à faible échelle) aiderait à mieux orienter les futures pratiques. 

En somme, tenir compte de l’apport du communautaire dans les réflexions sur l’enseignement hybride ou à distance et les actions à mener à des fins de persévérance et de réussite scolaires. 

 

Rédaction : Pier-Luc Jolicoeur et alexandra-marcela.espin-espinoza.1@ulaval.ca

547 - PÉRISCOPE : contributions théoriques, méthodologiques et praxéologiques du rapport aux savoirs à la réussite scolaire et éducative

Le 91e congrès de l'ACFAS débute lundi sur le campus de l'Université d'Ottawa.
Voici la programmation du colloque 547 - PÉRISCOPE : contributions théoriques, méthodologiques et praxéologiques du rapport aux savoirs à la réussite scolaire et éducative qui se déroulera jeudi le 16 mai et qui se poursuivra vendredi le 17 mai. Ce colloque, sur place et en ligne, permettra d’examiner le rapport aux savoirs de plusieurs agent·es de l’éducation en utilisant notamment des perspectives socioanthropologiques et socioculturelles. Dans un contexte caractérisé entre autres par le renforcement du contrôle externe et la montée de l’IA, les panélistes se pencheront sur le rapport aux savoirs des élèves, des enseignant·es, des formateur·trices, des directeur·trices d'écoles et des autres intervenant·es.


528 - Connaissances scientifiques en contexte au bénéfice du développement professionnel des enseignant·es et de la réussite scolaire et éducative : quel avenir?

Voici aussi la programmation du colloque 528 - Connaissances scientifiques en contexte au bénéfice du développement professionnel des enseignant·es et de la réussite scolaire et éducative : quel avenir? qui se déroulera lundi le 13 mai dans le cadre du congrès de l’Acfas. Le Comité organisateur, composé de membres de plusieurs regroupements de recherche en éducation du Québec, a planifié ce colloque dans le contexte de la loi no 23 et de la création de l'Institut national d'excellence en éducation (INEE). Ce colloque vise à effectuer un retour réflexif sur le processus qui a prévalu en observant les enjeux et défis ainsi que les objets et méthodologies de recherche qui s’imposent dorénavant en matière de formation initiale et continue des enseignantes et des enseignants ainsi qu’en matière de réussite scolaire et éducative.
Pour plus de détails sur la programmation: https://lnkd.in/gkEMVHB2


Le bien-être et la réussite de l’élève à l’école : Perspective internationale

Sous la direction de Nadia Rousseau, Dominic Voyer et Gaëlle Espinosa, cet ouvrage est consacré à l’enseignement à une diversité d’élèves. Il est dédié aux enseignant·es, mais également tous les acteur·trices qui gravitent autour de ces personnes professionnelles. Cet ouvrage contient 13 chapitres dont l'un rapporte l'effort du réseau PÉRISCOPE en matière de réussite scolaire.  L'ouvrage est disponible gratuitement en version pdf sur le site des PUQ. Suivre ce lien.


L'INEE n'est pas immINEntE

Le MEQ repousse la mise en place de la création de l'institut national d'excellence en éducation (INEE) pour des raisons que nous ne connaissons pas : Difficultés non anticipées? Financement non disponible? crédibilité douteuse? La liste est extensible ...


Le palmarès des écoles: le réseau Périscope s'oppose à l'accentuation de la sélection et des inégalités qui risquent d'en résulter.

Québec a dévoilé le 18 mars un « tableau de bord » en éducation qui fournira à tout un chacun l'information pour comparer, maintenant ou sous peu, les différentes régions, les centres de services scolaires et les écoles. Puisque ce palmarès va creuser l'écart entre les écoles, en permettant aux familles qui en ont les moyens de choisir une école plus performante, le réseau PÉRISCOPE vous invite à signer la pétition d’École ensemble en suivant ce lien: https://www.ecoleensemble.com/palmares