Le 30 juin 2020 s’est déroulé le sixième des Panels en réseau portant sur les inégalités/iniquités de participation au temps de la Covid-19, croissantes ou émergentes, notamment quant aux décisions prises au Québec pour assurer la continuité de l’éducation formelle. Ainsi, les chercheur·e·s Claudia Corriveau (ULaval), Doris Jeannotte (UQAM), Olivier Lemieux (UQAR) et Catherine Larouche (UQAC) sont invité·e·s à en discuter.
D’abord, Mme Corriveau et Mme Jeannotte abordent la prise de décision de l’enseignant·e en ce qui concerne l’utilisation du matériel didactique des mathématiques au primaire. Ces deux chercheures énoncent l’importance chez l’enseignant·e de viser une utilisation signifiante du matériel dans le but de permettre aux élèves de faire une exploration concrète des mathématiques et d’acquérir de réels apprentissages. Toutefois, dans ce contexte de pandémie, certains enjeux, qui étaient déjà présents, sont exacerbés. Parmi ceux-ci, elles abordent (1) l’accessibilité, parfois difficile, à du matériel en classe et à la maison, (2) le rôle du matériel – inhérent à la tâche, support au raisonnement et contrainte favorisant la flexibilité des raisonnements –, (3) l’abandon du matériel. Mme Corriveau et Mme Jeannotte renchérissent en indiquant que des enjeux similaires quant à la gestion et à l’utilisation du matériel didactique peuvent s’étendre à d’autres disciplines de l’ordre du faire où peu de traces écrites peuvent être récoltées (p. ex. sciences, éducation physique et en éducation musicale). En bref, le contexte actuel amène à se questionner et à réfléchir à la façon de « comment » faire faire des mathématiques aux élèves.
Ensuite, M. Lemieux rappelle qu’il s’est fait des efforts de démocratisation et de participation à la prise de décisions quant à l’éducation au Québec (p. ex. la création des conseils d’établissement). Cependant, il remarque que ces efforts ne sont pas accompagnés d’un sentiment de grande satisfaction de la part des acteurs. Il y a donc un sentiment d’iniquité autour des décisions prises en milieu scolaire que la crise Covid-19 a accentué. Dans les décisions où l’économie semble souvent l’emporter sur la pédagogie, ont parfois été court-circuitées les initiatives locales et cela a même donné l’impression que certains groupes étaient abandonnés (p. ex. les élèves vulnérables au secondaire). Ces mesures ne sont toutefois pas surprenantes, puisque la prise de décision centralisée est monnaie courante en temps de crise selon l’histoire de la démocratie moderne. On pourra mieux faire à l’avenir. C’est pourquoi d’ailleurs un projet de recherche sur le partage de rôles et de responsabilités dans la prise de décisions scolaires en temps de crise a récemment vu le jour.
Enfin, Mme Larouche fait part de ses réflexions au sujet de la décision du ministre de l’Éducation sur le choix des parents à envoyer ou non leurs enfants à l’école. C’est une décision surprenante vu l’obligation scolaire au Québec et vu la charte des droits et libertés qui stipule que chaque enfant a droit à des services de qualités – dont l’éducation. Par conséquent, la décision du Ministre tend à se détacher de la précieuse justice sociale. De plus, sa décision risque aussi de creuser les inégalités dans la mesure où des parents ne priorisent pas la scolarisation de leur enfant, ou que les jeunes doutent de la pertinence d’aller à l’école. Tenant compte de l’équité et plus précisément du droit à l’éducation pour tous, il faut réfléchir aux apports de tels choix et à leurs possibles dérives.
Les trois présentations ont ainsi ouvert la discussion. En voici quelques points saillants :
Somme toute, le changement en éducation est possible par la présence d’un réseau où les bonnes idées sont partagées, voire co-élaborées.
Rédaction : Pier-Luc Jolicoeur, alexandra-marcela.espin-espinoza.1@ulaval.ca et Érika Gauvin
Sous la direction de Nadia Rousseau, Dominic Voyer et Gaëlle Espinosa, cet ouvrage est consacré à l’enseignement à une diversité d’élèves. Il est dédié aux enseignant·es, mais également tous les acteur·trices qui gravitent autour de ces personnes professionnelles. Cet ouvrage contient 13 chapitres dont l'un rapporte l'effort du réseau PÉRISCOPE en matière de réussite scolaire. L'ouvrage est disponible gratuitement en version pdf sur le site des PUQ. Suivre ce lien.
Le MEQ repousse la mise en place de la création de l'institut national d'excellence en éducation (INEE) pour des raisons que nous ne connaissons pas : Difficultés non anticipées? Financement non disponible? crédibilité douteuse? La liste est extensible ...
Québec a dévoilé le 18 mars un « tableau de bord » en éducation qui fournira à tout un chacun l'information pour comparer, maintenant ou sous peu, les différentes régions, les centres de services scolaires et les écoles. Puisque ce palmarès va creuser l'écart entre les écoles, en permettant aux familles qui en ont les moyens de choisir une école plus performante, le réseau PÉRISCOPE vous invite à signer la pétition d’École ensemble en suivant ce lien: https://www.ecoleensemble.com/palmares
Antoine Baby, cofondateur du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), laisse un héritage intellectuel de taille en matière de persévérance et de réussite scolaire et éducative. Il tenait des propos éclairés sur des questions complexes. Dans ses analyses, il a su mettre l'accent sur la réussite plutôt que sur l'échec scolaire.
Le réseau PÉRISCOPE consacre le panel en réseau, intitulé L’incontournable nécessité d’une vision sociale de l’école québécoise, à un hommage à ce bâtisseur du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) et du Centre de transfert sur la réussite éducative (CTREQ).
Pour assister au panel, jeudi le 21 mars 2024 (16h00 - 17h00), se rendre à
https://periscope-fse-ulaval.zoom.us/my/periscope2024
Mot de passe: tact
Lors du panel en réseau du 15 février 2024 qui a porté sur le plan pour un réseau (scolaire) commun, monsieur Stéphane Vigneault, coordonnateur d'École ensemble, a suggéré que le débat amorcé a permis de cerner l'enjeu sociétal de faire en sorte que les élèves du Québec aillent à l'école ensemble. La conversation étant installée et l'objet clarifié, il s'agit maintenant de faire porter l'attention sur, et de discuter, de la solution.